Les lumières, les couleurs, les matières, les lignes, les pleins, les vides, tout ce qui m'entoure m'impressionne un peu trop fort pour le taire. Je ne sais pas l'écrire avec des mots, mon journal est visuel. J'aime travailler dans un carnet de format souvent petit et qui se referme. C'est une étape intime et intérieure de repli, où les émotions ressenties passent par mon corps pour sortir et remplir des pages.

Mais à un moment donné la sensation exprimée par mes collages-déchirages-découpages-pinturlurages est comme digérée, j'ai besoin de la partager.

Ca m'intéresse de l'afficher dans un format immense parce que quand je peins dans un carnet, le format a beau être petit, je suis dans la peinture, et je voudrais que ceux qui me regardent puissent aussi y rentrer, dépasser ce stade du travail caché, personnel et presque égoïste qui constitue la première étape de mes réalisations. De l'intimité, de pratiques artisanales, du "je", mes carnets passent à l'exhibition, à l'autre, par le biais de la technique de l'impression et sur le support industriel de la bâche PVC.

J'aime bien aussi l'idée de laisser le choix du format à la personne qui serait intéressée de "me lire". Après tout, c'est une émotion puissante que j'ai éprouvée puis exprimée et enfin ouverte à des yeux étrangers. Ces yeux ressentent aussi, et leur permettre de laisser aller leur sensation en choisissant le format, dresse un parallèle avec mon propre cheminement. Aussi bien, d'autres peuvent décider que le format initial leur suffit, même si ce n'est pas mon intuition, on doit pouvoir se laisser contredire.